La vie ailleurs

Autrement dit la vie des séculiers, nous qui, hors les murs, dans le monde, mettons en œuvre, en application professionnelle.

Il ne s’agit pas pour nous de prosélytisme mais simplement -et plus largement- d’une acception de nos métiers, d’une manière d’approcher nos sujets, de nos comportements et raisonnements professionnels, de nos productions, enfin, qui sont profondément marqués du sceau d’un enseignement.

Nous autres conservateurs, muséographes, administrateurs, experts, avocats, publicitaires, écrivains, directeurs de collections, gens d’entreprises … dans notre diversité de fonctions et de destins, sommes au plus profond de nous empreints du propos et de la méthode de Philippe Bruneau, de Pierre-Yves Balut, d’Alexandre Farnoux. Et, plus ou moins précisément et directement, de la théorie de la médiation.

Nous autres « gens d’ailleurs » qui avons tracé nos sillons dans des champs bien distincts, si éloignés semble-t-il parfois de la maison mère universitaire, gardons pour dénominateur commun deux fondamentaux de cet « enseignement ».

Le premier est un héritage, celui d’une manière de s’interroger, d’aborder les sujets et les situations quels qu’ils soient, scientifiques ou pratiques, politiques ou artistiques. La médiation et, indissociablement, l’esprit du « 4e étage » de la rue Michelet nous ont permis d’aborder des domaines, des disciplines, des techniques et des fonctions sociales avec une ouverture de champs exceptionnelle. Qui va bien au-delà du strict enseignement d’une discipline. Qui donne aux apprentis universitaires une prise sur les « affaires du dehors » et une intelligence de leur fonctionnement.

C’est bien pourquoi, longtemps après, même lorsque nous ne fréquentons plus l’Université, nous suivons encore certains séminaires ou « universités d’été », restons à l’écoute et venons demander asile intellectuel pour voir plus clair dans tel ou tel de nos dossiers.

Fidélité à un héritage mais aussi à une exigence. Celle qui refuse que l’on se contente des prétendus acquis. Qui nous oblige à toujours remettre les choses à plat, -et souvent les pendules à l’heure-, à décortiquer sans a priori, à mettre en relation ce qui ne l’est apparemment pas. Une exigence qui nous évite de nous perdre corps et âme dans l’océan de cet « ailleurs » où, face aux incessantes contraintes, difficultés ou pièges de nos carrières et de nos petits mondes, nous céderions peut-être à la tentation des compromis, des soumissions et des renoncements…

Ce sont cette fidélité et cette exigence qui frappent lorsque l’on croise « un d’ailleurs ». Elle va bien au-delà du bon souvenir d’un professeur ou d’une matière, du respect d’une règle ou d’un savoir. C’est d’un état d’esprit qu’il s’agit, d’un changement radical de point de vue.

Et si le besoin de « ceux d’ailleurs » est de venir régulièrement à la source pour se rafraîchir la pensée et échanger points de vue et expériences … leur plaisir et leur fierté résident sans doute dans le fait d’apporter, avec leurs récits de voyages en terres séculières, une eau vive et du grain à moudre pour « ceux d’ici ».

Cette rubrique « la vie ailleurs » est la tribune, le réceptacle des avis, des annonces, des questionnements, des études, des démonstrations, des découvertes de ceux qui apportent des nouvelles du monde et veulent les partager.

Bienvenue dans l’auberge espagnole ou si l’on préfère dans le comptoir du commerce de l’esprit !

(texte : Isabelle Cousteil)

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