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Hermopolis gréco-romaine

ou les limites de l’archéologie d’une ville disparue

Lorenzo Medini

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I/ Les ruines d’Hermopolis et l’archéologie philologique

A une quarantaine de kilomètres au sud de la ville de el-Mineh sur la rive occidentale de la moyenne vallée du Nil, compris entre les villages de el-Idara et el-Ashmounein, se trouvent les vestiges d’Hermopolis, une des anciennes métropoles égyptiennes capitale de la quinzième sepat de Haute-Egypte, dite du « lièvre » (fig. 1). Ce terme, qu’Hérodote traduisit en grec par le mot « nome », désigne un des districts dans lesquels le territoire égyptien était divisé depuis l’Ancien Empire (2700-2200 av. J.-C.). Sous les Grecs, le dieu Thot, une des principales divinités autochtones de l’habitat égyptien, fut considéré comme Hermès : cette assimilation donna ainsi à la ville son nouveau nom. Elle devint à l’époque romaine une cité de première importance économique et un centre administratif de la Thébaïde, un des trois districts entre lesquels était divisée l’Egypte romaine. L’aspect du site aujourd’hui est toutefois assez désolant et très peu d’éléments sont encore en place pour témoigner du passé de cette ville dont le nom, à compter du IIIe siècle ap. J.-C., était accompagné des épithètes[1] « μεγάλη ἀρχαία καὶ λαμπρά », « grande splendide et antique ».

D’autant que les voyageurs du XVIIIe et du XIXe siècle qui eurent la possibilité de voir ce qui restait de l’ancienne ville en peignent une image différente de l’état actuel et plus conforme à sa réputation antique. Le jésuite Claude Sicard visita le site pour la première fois le 8 novembre 1714 et fut frappé par l’ampleur de ses ruines : « Achemounain n’est à présent qu’un bourg ; mais les vastes ruines d’un grand nombre de palais, dont on voit encore les marbres et les colonnes de granit, marquent assez son ancienne splendeur. Après avoir parcouru les débris de plusieurs de ces palais, je fus frappé de loin par la majesté d’un portique à douze colonnes. J’en approchai de plus près ; je trouvai le travail magnifique, délicat et si entier que, quoique la construction ait été faite pendant les règnes des pharaons et avant la conquête de Cambyse, roi des Perses, il semble cependant que les ouvriers ne viennent que de le finir. »[2] (fig. 2) Toutefois, dès 1839, dans une lettre datée du 24 octobre, Nestor L’Hôte est déjà forcé de constater la désolation du site : « Les ruines d’Achmouneyn, Hermopolis Magna, situées à deux lieus et demi du Nil, n’offrent plus aujourd’hui qu’un vaste amas de ruines en briques crues et des restes d’édifices qui ont appartenu à l’époque grecque ou au Bas-Empire romain. (…) Quant au beau portique égyptien qu’on admirait encore ici il y a quelques années, il a disparu comme s’en sont allés tous les monuments de pierre calcaire »[3]. Ce site en effet, comme beaucoup d’autres en Egypte, a souffert de l’exploitation intense de ses collines pour l’extraction du sebbakh, une terre riche en engrais naturel ; au début du siècle il y avait même une ligne de chemin de fer qui amenait de el-Mineh jusqu’au cœur des ruines pour faciliter le transport de ce fertilisant naturel. Les fours à chaux, alimentés avec la pierre calcaire des monuments, et la remontée du niveau de la nappe phréatique ont complété l’œuvre faisant pour ainsi dire disparaître Hermopolis, à tel point que les archéologues allemands au début du siècle ont employé l’expression « ruines de ruines » [4] pour en décrire l’état (fig. 3).

En dépit de ces terrains archéologiques ruinés et de récits des voyageurs souvent trop vagues ou imprécis, le centre-ville d’Hermopolis gréco-romaine est pourtant assez bien connu. Plusieurs manuels portant sur l’histoire et l’archéologie de l’Egypte post-pharaonique, présentent ainsi des descriptions de l’avenue principale de la ville et des monuments qui la bordaient. Voici par exemple celle qu’en donne R. Bagnall : « A visitor to the late third-century Egypt who travelled as far upriver as Hermopolis would disembark at its harbour on the Nile, travel west a few kilometres, and arrive in the city through the Gate of the Sun. The street leading west inside it would offer him a familiar scene, common to hundreds of Roman cities throughout the empire. Colonnades lined this Antinoe Street, leading a pedestrian through a tetrastylon (four monumental pillars marking an intersection), past an exedra and temples of Hadrian and Antinoos, to the central marketplace; then past two nymphaea and temples of Aphrodite and Fortune (Tyche), through a great tetrastylon where the avenue leading to the great temple of Thot crossed Antinoe Street, through a third tetrastylon (of Athena), and so to the gate of the Moon »[5]. Par quels moyens a-t-il été possible de faire ressusciter autant de monuments disparus sans avoir laissé de trace ?

Hermopolis est aussi connue pour la grande quantité de papyrus mis au jour sur son site-même ; en effet, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, de nombreuses trouvailles provenant de la ville enrichirent les différentes collections papyrologiques européennes, comme celle de l’Archiduc autrichien Rainer[6], qui contient les archives du conseil municipal de la ville. On a souvent parlé à ce propos « d’archéologie philologique »[7], comme emploi des sources écrites dans des buts archéologiques. C’est grâce à la richesse des renseignements contenus dans ces documents qu’il a été possible de suppléer l’absence des vestiges et dessiner la physionomie du centre-ville du bas empire romain. Il faut toutefois préciser que la reconstitution du paysage monumental d’Hermopolis ne relève pas exclusivement d’une archéologie du disparu, c’est-à-dire d’une archéologie qui tente de raisonner l’équipement technique à partir exclusivement des témoignages. Dans le cas de la ville d’Hermès, les sources écrites dont les archéologues se sont servis peuvent être confrontées aux quelques restes des anciens bâtiments retrouvés sur le terrain. Cette comparaison entre textes et vestiges ouvre les portes aux questions de l’attribution et de l’identification, c’est-à-dire de l’établissement congruent du sens des vestiges. Ph. Bruneau a bien expliqué les principes sur lesquels cette méthode repose : « d’un côté, la fouille livre un champ de ruines sans noms ; de l’autre, les textes, littéraires et épigraphiques, permettent de constituer une liste de noms sans ruines ; il s’agit alors de mettre en contrepoint l’inventaire archéologique et la nomenclature antique. Mais dans l’application la coïncidence de ces deux séries s’avère fort difficile à établir, d’abord parce que le nombre des termes en présence est fort élevé […]. Toutefois la difficulté d’établir les concordances vient surtout de ce que les listes ne sont évidemment pas finies, puis qu’on peut toujours découvrir une nouvelle ruine ou un nouveau nom, et de ce que les composants n’en sont même pas totalement assurés […]. Mais trop souvent les ruines sont indifférenciées et par là demeurent innommables ; et, de leur côté, les noms ne sont pas accompagnés d’un descriptif et restent non localisables. Aussi, pour une part, la topographie est-elle un casse-tête, et d’autant plus qu’il est toujours plusieurs combinaisons possibles et qu’il suffit de refuser que telle ruine porte tel nom pour qu’ailleurs s’ouvre la possibilité de nouvelles équations. »[8]

II/ Le devis des travaux publics d’Aurelius Appianos

La reconstitution de la topographie monumentale du centre-ville a été en effet un des buts majeurs des archéologues qui ont fouillé le site dès le début du siècle dernier : c’est ainsi que plusieurs plans[9] d’Hermopolis, établis par les équipes qui se sont succédées, ont fait suite à la carte dessinée lors de l’expédition de Bonaparte[10] (fig. 4). Le principal axe de communication du site est constitué par une rue reliant le centre ville à la nécropole de Touna el-Gebel, située quelques kilomètres à l’ouest de l’habitat. Le tracé de cette voie, qui coupe l’agglomerat urbain en deux, existait déjà sous le règne de Ramsès II[11] (1279-1213 av. J.-C.), et se maintient jusqu’à l’époque romaine en se prolongeant vers l’est en direction d’Antinopolis, ville fondée par l’empereur Hadrien (117-138 apr. J.-C.) faisant face à Hermopolis sur la rive orientale du Nil. La répartition ainsi crée par cette avenue, entre secteur septentrional et méridional de la ville, s’accentua à partir de la XXXe dynastie lorsque sous le règne du pharaon Nectanebo Ier (380-362 av. J.-C.) on édifia une enceinte en briques crues enfermant les différents sanctuaires situés dans la partie nord d’Hermopolis. Le mur, d’une quinzaine de mètres d’épaisseur, délimitait un téménos de forme à peu près carrée d’environ 600 mètres de côté, que les sources grecques nomment « Phrourion », la citadelle, pour le distinguer de la partie située au sud de l’avenue, appelée la « polisi ». A partir de l’époque ptolémaïque, un nouvel axe nord-sud subdivise la ville en quatre quartiers (amphoda) : la partie orientale et occidentale du Phrourion au nord et les secteurs est et ouest de la polis dans la moitié méridionale de l’habitat (fig. 5). Il s’agit de la voie processionnelle menant au grand temple d’Hermès, dont la décoration fut achevée sous Philippe Arrhidée (323-317 av. J.-C.) Les papyrus grecs appellent ce chemin « λιθοστρώτος δρόμος Ἑρμοῦ θεοῦ τρισμεγίστου »[12], le « dromos d’Hermès trois fois grand, pavé de pierres ».

Parmi les documents, de nature épigraphique aussi bien que papyrologique, à même de nous renseigner sur les différents édifices de la ville, un papyrus conservé à la bibliothèque nationale de Vienne[13] a été employé à plusieurs reprises par les archéologues pour essayer d’identifier les différents monuments (fig. 6). Il s’agit d’un devis des frais de réparations, signé par un certain Aurelios Appianos, membre du conseil municipal de la ville (boulè) et daté de la onzième année d’un empereur dont le nom n’apparaît pas, mais qui est vraisemblablement Gallien (253-268 apr. J.-C.)[14]. Le texte concerne plusieurs édifices publics situés le long de l’axe principal de circulation de la ville qui, comme nous l’avons déjà observé, traversait l’habitat de l’est à l’ouest. Voici les différents édifices mentionnés dans le texte :

- Un Antinoeion (l. 172)

- Un Hadrianeion (l. 176)

- Un makellon (l. 176)

- L’agora (l. 176-77)

- Un Sérapéum près du Neilaion (l. 180)

- Le Neilaion (l. 180)

- Un komastèrion (l. 183)

- Un « nymphée de l’ouest » et un « nymphée de l’est » (l. 185)

- Un Tychéum (l. 188)

- La porte Héliaque (l. 190)

- Le « premier tétrastyle » (l. 191)

- Un édifice à exèdre (l. 193)

- Un Aphrodisieion (l. 196)

- Le « grand tétrastyle » (l. 197)

- Un tétrastyle d’Athéna (l. 197-198)

- La porte Séléniaque (l. 199)

Pour chaque édifice cité sont présentés les coûts des travaux d’entretien et des matériaux employés pour sa réfection. Les dix dernières lignes de cette liste présentent un schéma différent, comme s’il s’agissait d’un récapitulatif général venant clore une longue énumération. En partant de l’extrémité orientale de la ville et en allant jusqu’à celle occidentale, l’avenue est subdivisée en douze πλάτειαι, des portiques à colonnes[15] bordant des secteurs de la rue. Cette fois c’est pour chaque section, délimitée par deux bâtiments, que l’on enregistre les dépenses effectuées pour sa restauration. Ce devis, du fait des nombreux bâtiments qu’il présente, pourrait s’avérer fort utile pour l’identification des monuments trouvés sur le site, mais l’état du document est très fragmentaire : des 203 lignes conservées, seule la fin, à partir de la ligne 155, est intacte. Même si le passage qui nous intéresse est compris entre la ligne 172 et 200, et donc dans une des parties les mieux préservées du texte, une lacune nous empêche de connaître les limites des πλάτειαι centrales bordant l’avenue. Ainsi, nous connaissons les extrémités de seulement cinq des douze îlots cités à la ligne 190 : il s’agit des deux premiers situés sur la moitié orientale de l’avenue à partir de la Porte Héliaque, et des trois derniers sur la moitié occidentale se terminant avec la porte Séléniaque. Le premier groupe d’édifices s’étend ainsi de la Porte du Soleil jusqu’au premier tétrastyle et le deuxième du premier tétrastyle jusqu’à un bâtiment pourvu d’une exèdre ; après la lacune on reprend l’énumération avec un bloc de constructions se prolongeant du pylône du temple d’Aphrodite jusqu’au temple de Tyché. Le secteur suivant ne commence pas au Tychéum, comme nous nous attendrions, mais à l’ouest du grand tétrastyle et se poursuit jusqu’au tétrastyle d’Athéna. Le tronçon le plus occidental enfin se situe entre ce dernier tétrastyle et la porte de Lune.

A/ Problèmes topographiques

La tâche de l’identification des monuments cités reste partant très difficile à accomplir : non seulement on ne connaît pas la longueur de ces sections, mais le point de départ et celui d’arrivée de la rue nous manquent aussi[16]. Comment comprendre en outre la relation entre les deux ensembles allant respectivement du pylône de l’Aphrodisieion jusqu’au Tychéum, et de la zone située à l’ouest du grand tétrastyle jusqu’au tétrastyle d’Athéna ? Le temple de Tyché était-il adjacent au grand tétrastyle ou bien y avait-il une section supplémentaire entre les deux édifices qui n’est pas mentionnée dans le texte ? Pour l’instant nous ne possédons pas assez d’éléments pour répondre à cette question. De plus, à propos des monuments mentionnés entre la ligne 172 et 188 nous n’avons aucun renseignement topographique et il s’avère impossible de savoir à quelle πλάτεια ils appartenaient (fig. 7).

Nous avons déjà eu l’occasion d’exprimer nos perplexités à propos de ce papyrus conservé à Vienne et de son origine[17]. Limitons-nous ici à rappeler que les éléments prouvant que ce document décrit une avenue située à Hermopolis peuvent même être critiqués et qu’au contraire l’hypothèse que la ville à laquelle l’on se réfère soit Alexandrie est tout à fait envisageable. C’est donc un texte à prendre avec beaucoup de précaution et il ne devrait pas être utilisé comme fondement pour bâtir une reconstitution de la ville. En effet certains édifices mentionnés dans ce devis ne sont attestés à Hermopolis par aucune autre source et par conséquent leur présence dans la ville peut être remise en question si on exclut ce papyrus. C’est le cas par exemple de la Porte de la Lune et celle du Soleil, les deux extrêmes de cette suite d’îlots. Ces deux édifices, pourtant familiers à l’architecture alexandrine[18], n’ont pas encore été identifiés à Hermopolis, et leur présence dans la ville d’Hermès repose exclusivement sur l’emploi de ce document.

B/ Problèmes d’identification

1.      Le komastèrion

Comme l’a souligné Ph. Bruneau[19], quand on essaye de faire coïncider chacun des éléments de la liste des noms avec un des monuments anonymes, il faut qu’un certain nombre de ces couples soit assuré, car c’est à partir d’eux que l’on peut arriver, par exclusion, à rétablir les autres binômes. D’après les archéologues du British Museum qui ont fouillé le site, il existe au moins deux constructions dont l’identification est sûre : le komastèrion et le grand tétrastyle[20]. Le premier édifice, cité dans notre papyrus, est ainsi décrit par l’archéologue anglais D. Bailey : « Built on a podium high at the north front but rather lower on the main east-west street of Hermopolis at the rear, it is wider than it is long and consists of a large hall flanked on each side by aisled halls of lesser height. At the front, its portico has four large Corinthian columns, the inner two round, the other two square with engaged half-round small columns; on each side is a colonnade of four small columns »[21]. Il ajoute : « The present writer has traced no Roman buildings of similar plan : (…) our building is unlikely to have been a temple, it is not a stoa. And is unlike any nymphaion known to the writer. It could thus be either the makellon or the komastèrion » (fig. 8-9).

Quels sont les arguments permettant d’arriver à une telle conclusion ? Les ruines de ce mystérieux bâtiment se trouvant le long de ce que les archéologues ont identifié comme l’avenue du papyrus, il a été suffisant d’exclure tous les édifices présents dans le devis, dont le plan ne correspondait pas à ce qui avait été retrouvé sur place. L’hypothèse du marché alimentaire est écartée par l’auteur lui-même car le monument dégagé ne présente pas les deux éléments fondamentaux qui caractérisent ces édifices, un mur qui en détermine le périmètre et une cour : il ne reste donc que le komastèrion. A. Łukaszewicz qui a étudié ce bâtiment dans son ouvrage consacré aux édifices publics de l’Egypte romaine, le définit ainsi : « Dans les papyrus apparaît le terme énigmatique de komastèrion qui mérite plus d’attention, car il ne se trouve pas parmi les noms d’édifices publics connus dans les autres provinces (…). L’étymologie suggère un lien avec le κῶμος ou plutôt la κωμασία, ce dernier mot désignant une procession pendant laquelle on portait les images des dieux. Les prêtres qui portaient ces images étaient appelés κωμασταί. (…) Il faut donc croire que c’est un édifice lié d’une certaine manière au temple, mais n’en faisant pas partie intégrante, peut-être utilisé par les kômastes organisés en une sorte de corporation et servant, suivant les besoins, de lieu de réunion ou de banquet pour les corporations, ou de salle publique pour divers besoins de la société locale »[22]. Les documents faisant référence à ce genre de construction ne sont pas très nombreux : nous avons seulement une dizaine d’occurrences dans les papyrus et quelques inscriptions[23]. A travers les textes nous pouvons avoir un aperçu des différentes fonctions que cet édifice pouvait remplir : lieu de commerce du vin[24], théâtre d’une vente aux enchères[25] ou zone de tamisage de l’engrais[26]. Toutefois les renseignements concernant sa structure ou son emplacement par rapport aux autres bâtiments restent très vagues.

Dans trois cas le komastèrion semble avoir été en rapport avec un dromos : tout d’abord à Hermopolis même où un papyrus[27] du Ier siècle av. J.-C. situe la voie processionnelle d’Hermès κατὰ τὸ ἐνταῦθα κωμαστήριον, « à côté du komastèrion d’ici ». De ce voisinage ainsi exprimé les archéologues en ont déduit un fonctionnement conjoint des deux édifices. Dans la mesure où les processions en Egypte se déroulaient en général le long du dromos d’un temple il semble logique que le lieu de départ des processions se trouve à proximité de cette voie sacrée. En second lieu, un papyrus[28] du IIe siècle apr. J.-C. présente le recensement des maisons de la ville d’Heptakomia[29]. Le schéma que suit cet inventaire est le même que celui du papyrus de Vienne : l’on nomme deux points et l’on compte le nombre d’habitations comprises entre les deux. Une de ces portions va ἀπὸ δρόμου Ἀπόλλωνος καὶ ᾽Αφροδείτης θεῶν μεγίστων μέχρι τοῦ κωμαστηρίου, « du dromos d’Apollon et d’Aphrodite, dieux très grands, jusqu’au komastèrion », pour un total de 132 maisons. Est-il possible de déduire d’après ce témoignage une relation entre ces deux constructions ou leur proximité ? L’indication spatiale est trop vague car nous ne savons pas où se situent les deux points l’un par rapport à l’autre et de plus nous n’avons aucun repère bien établi sur le terrain. Enfin, le dernier cas est offert par un papyrus[30] du Ier siècle apr. J.-C. mentionnant un komastèrion et un dromos d’Hermès du village de Pesla[31] dans l’Hermopolite. Contrairement à la métropole du nome, ici les deux édifices ne semblent pas se trouver côte à côte car le dromos est défini comme λιβός, « de l’ouest », et le komastèrion comme ἀπηλιώτος, « de l’est ». Ainsi le fait qu’à Hermopolis le dromos d’Hermès soit à proximité de l’édifice reconnu comme le komastèrion n’est pas une preuve confirmant l’identification de ce dernier dans la mesure où, comme nous l’avons montré, le voisinage entre ces deux constructions n’est pas un facteur qui se vérifie systématiquement pour tous les komastèria. De plus rappelons-nous que le bâtiment d’Hermopolis est le seul komastèrion identifié jusqu’à présent et qu’il n’existe donc aucune autre structure avec laquelle il soit possible de le comparer.

Le papyrus d’Hermopolis[32] qui décrit le dromos d’Hermès à côté du komastèrion soulève toutefois un autre problème : quel est le bâtiment dont il est question ? D. Bailey date en effet l’édifice présenté dans son rapport de fouille de l’époque antonine, donc il ne peut pas s’agir du même monument évoqué par ce document qui date au contraire du Ier siècle av. J.-C. Les archéologues proposent d’identifier le « bastion » – une construction quadrangulaire en brique crue proche de l’édifice fouillé – au komastèrion d’époque ptolémaïque (fig. 10). Toutefois les différences de ces deux bâtiments permettent difficilement de recevoir cette hypothèse. La maison des processions se caractérise par une architecture de style classique et est composée d’une salle axiale desservant de part et d’autre deux salles à colonnes d’une hauteur inférieure. Le « bastion » au contraire, ne comporte pas d’éléments architecturaux de type grec et il est constitué d’un premier niveau de plusieurs pièces voûtées supportant cinq ou six pièces de 2,5 m sur 8 auxquelles il était possible d’accéder par un escalier. Il semblerait plutôt qu’il faille reconnaître dans la construction d’époque ptolémaïque une de ces structures présentes sur d’autres sites égyptiens tels que Naukratis, Tell Dafna ou Memphis, et dont la fonction est encore sujet à débat. G. Cavillier[33], propose pour cet édifice un rôle militaire ou « pseudo-militaire », tandis que F. Leclère le rapproche de ceux qu’en langue égyptienne sont définis schen ouâb « magasins purs ». Il s’agirait de lieux « de préparation, de consécration et de stockage des offrandes destinées aux divinités adorées dans le téménos »[34]. G. Husson[35] a essayé d’établir un lien entre ce type de structure de stockage et le lieu de départ des processions. Elle considère en effet le terme grec komastèrion comme l’équivalent de l’expression égyptienne employée pour désigner ces magasins. En suivant cette hypothèse, le véritable komastèrion d’Hermopolis serait alors le bâtiment d’époque ptolémaïque et non l’édifice daté du règne d’Antonin dont l’identification « est probable sans être sûre »[36]. En effet quels sont les témoignages qui attestent de l’existence d’un komastèrion à Hermopolis pour le IIe siècle apr. J.-C. ? A ce jour il n’y a que le papyrus de Vienne, document dont il vaudrait mieux ne pas se servir pour toute tentative de reconstitution de la ville gréco-romaine, comme nous avons pu le constater. Pour concilier les différences architecturales entre les deux édifices, G. Husson a suggéré qu’une évolution a pu se produire entre l’époque ptolémaïque et la domination romaine : le komastèrion d’Antonin serait ainsi une version « romaine » d’un modèle architectural autochtone. Bien que l’hypothèse soit suggestive il n’existe, pour l’instant, aucune preuve solide sur laquelle s’appuyer.

Ph. Bruneau avait déjà souligné un des principaux problèmes que pose la philologie archéologique : « les mots les plus importants sont aussi à l’ordinaire ceux dont le sens est le moins assuré en sorte que le problème se déplace, et parfois se résout, selon la traduction adoptée ». Le cas d’Hermopolis n’échappe pas à cette règle, dans la mesure où les monuments qui ont été fouillés pourraient correspondre à un ou à deux komastèria, aussi bien qu’il pourrait ne pas y en avoir du tout.

2.      Le grand tétrastyle et les nymphées

L’autre monument commenté par D. Bailey est le grand tétrastyle, dont la mention se trouve à la ligne 197 du devis de réparations d’Appianos. Dans le document il est aussi question de deux autres tétrastyles, mais celui-ci est le seul à porter l’adjectif de « grand ». Dans les reconstitutions proposées par les archéologues du British Museum, ce monument marque le croisement entre les deux axes principaux de la ville, l’avenue dite d’Antinoë et le dromos d’Hermès. Sa taille considérable serait donc due à son emplacement au cœur d’Hermopolis. Un papyrus[37] du IIIe siècle apr. J.-C. cite un νότος τετράστυλος ἐπὶ τοῦ λιθοστρώτου δρόμου, « le tétrastyle du sud tout près du dromos pavé de pierre ». Le dromos a été reconnu avec celui d’Hermès, peut-on faire la même chose avec l’autre monument et l’identifier au grand tétrastyle ? Les vestiges retrouvés permettant la reconstitution de cet édifice se composent d’un chapiteau corinthien, dont la partie inférieure rappelle celle des chapiteaux du komastèrion, d’un tambour de colonne d’un diamètre de 1,91 m et d’une dédicace de près de 4 m de haut et de 2,5 m de large en l’honneur de Marc Aurèle et de Commode. Cette inscription, probablement posée contre le piédestal d’une des colonnes du tétrastyle, fut copiée par N. l’Hôte entre 1838 et 1839 pour le premier volume du recueil des inscriptions d’Egypte de J.-A. Letronne[38].

Ces éléments indiquent sans doute la présence d’une colonne monumentale, hypothèse qui avait déjà été évoquée par Latronne [39], mais pas forcément celle d’un tétrastyle, d’autant plus que la distance entre les colonnes n’a pas pu être établie, les fondations de cet édifice n’ayant pas été retrouvées. Cette conjecture n’est pas écartée par D. Bailey qui admet que « it could be argued that the archaeological evidence (one possible pedestal, one capital, one drum) points to a single honorific column, rather than a group of four, but the mention in Aurelius Appianus’ Repair Papyrus of three tetrastyla along Antinoe Street must be taken into consideration. »[40] Notre document a encore une fois influencé l’interprétation des résultats des opérations de terrain. M. Drew-Bear dans son compte rendu de l’ouvrage de D. Bailey[41], attire l’attention du lecteur sur un autre problème que pose la restitution proposée à la planche 109 (fig. 11) : un escalier limitrophe d’une des colonnes du tétrastyle se trouverait en plein milieu de l’avenue : cela est tout de même assez surprenant. Dans cette planche nous pouvons voir aussi les deux nymphées cités à la ligne 185 de notre document, de part et d’autre du grand tétrastyle. Deux textes faisant partie des archives municipales de la ville[42] mentionnent deux nymphées, mais ils ne les situent pas près du tétrastyle. Le premier serait à l’intérieur du téménos de l’Aphrodisieion et il faudrait chercher le deuxième dans le domaine du grand temple d’Hermès. Ce dernier monument par ailleurs ne figure pas parmi les édifices mentionnés dans le devis de réparation concernant les constructions de l’avenue d’Antinoë ; le grand Hermaion, un des rares monuments que l’on puisse identifier avec certitude sur le site, se situe en effet au nord du decumanus de la ville. L’équipe du British Museum a mis au jour les restes d’une canalisation[43] le long du côté sud de cette avenue, et c’est à partir de cette structure que les archéologues ont déduit la présence d’un nymphée, celui de l’est, « which must have been near the end of the water conduit flanking Antinoe Street » [44]. Il faut toutefois signaler qu’aucune trace de cette construction hydraulique n’a été trouvée et qu’il n’y a aucun autre élément pour supposer l’existence d’un deuxième nymphée, celui de l’ouest, de l’autre côté de l’avenue. La reconstitution proposée des monuments longeant l’avenue dite d’Antinoë et environnant son croisement avec le dromos d’Hermès ne peut donc pas être acceptée (fig. 12). Elle se fondait sur cinq points considérés comme établis le long de l’avenue d’Antinoë : la Porte du Soleil, celle de la Lune, le komastèrion, le grand tétrastyle et le nymphée de l’est. Or, de ces cinq repères seule la maison des processions pourrait être réellement localisée sur le terrain, à condition que son identification soit correcte. S’écroulent ainsi toutes les autres hypothèses qui avaient été bâties à partir de ces couples nom – monument qui sont bien loin d’être aussi assurés qu’on le croyait.

3.       Le(s) sanctuaire(s) ptolémaïque(s)

Le panorama monumental d’Hermopolis n’est pas étranger à ces changements de physionomie : dans les anciens plans de la ville[45] en effet, les colonnes de granit qui gisaient au milieu de l’endroit appelé aujourd’hui Kom el-Kenissa, « la butte de l’Eglise », avaient été considérées comme celles de l’agora, qui aurait donc été située dans le quartier sud-est de la ville. La proximité de ces colonnes au croisement des deux axes principaux de l’habitat était un des éléments décisifs permettant cette identification, dans la mesure où l’agora figure parmi les monuments cités dans le papyrus de Vienne et elle ne devait donc pas être très éloignée de l’avenue d’Antinoë. De plus un autre papyrus[46], appartenant lui aussi aux archives du conseil municipal de la ville, définit l’agora comme « un [édifice] excellent pour l’ornementation de la ville » ; il était clair ainsi que les efforts des archéologues se concentreraient sur la localisation de l’emplacement d’un des monuments qui, de l’aveu des hermopolitains eux-mêmes, donnait du lustre à la ville d’Hermès. Toutefois l’agora disparut à nouveau lorsque les fouilles de M. Kamal[47] en 1942 montrèrent que les colonnes retrouvées sur le site appartenaient en réalité à une basilique chrétienne datant du Ve siècle apr. J.-C., qui avait supplanté un sanctuaire de l’époque ptolémaïque. L’équipe anglaise qui a fouillé les deux monuments dans les années 1950[48] a pu découvrir aussi le mur du téménos entourant ce sanctuaire. L’espace sacré, un rectangle d’environ 125 m de long sur 60 de large orienté de l’est à l’ouest, est délimité au nord par l’avenue menant à Antinopolis et à l’ouest par le dromos d’Hermès. Le matériel archéologique découvert sur le site a été étudié par A. Wace qui affirme que « it may be said without exaggeration that there is more good Ptolemaic architecture on this one site than has so far been discovered in the whole Alexandria »[49]. L’identification de cet édifice avec un temple ptolémaïque est due à une dédicace en l’honneur des souverains Ptolémée III Evergète Ier et sa femme Bérénice II[50], inscrite sur un linteau et relative à la fondation d’un ναὸν καὶ τὰ ἄλλα ἐντὸς τοῦ τεμένους καὶ τὴν στοάν, « un naos, les autres constructions à l’intérieur du téménos, ainsi que le portique ». A. Wace croit reconnaître dans les vestiges mis au jour des éléments architecturaux appartenant à quatre édifices différents : un temple dorique, un propylône ionique, un deuxième édifice d’ordre dorique plus petit que le temple et enfin un édifice corinthien (fig. 13). La dédicace proviendrait du linteau du temple dorique dont seul l’entablement est conservé. A. Wace pense qu’il devait s’agir d’un temple périptère présentant treize colonnes sur son côté le plus long et six sur le plus court. L’identité de l’édifice auquel les éléments architecturaux ioniques appartenaient n’est pas encore établie avec certitude, cependant l’emplacement des ruines – cinq marches et d’une partie du pavement –, retrouvées près de l’entrée située du côté ouest du téménos, ferait pencher pour un propylône. Les murs nord et sud de l’enclos auraient été flanqués chacun d’un portique. Intégré à celui du sud qui était d’ordre dorique comme son stylobate le prouve, il y avait semble-t-il un deuxième édifice du même ordre architectural. Les archéologues n’ont pas été à même de rétablir l’emplacement du quatrième édifice, celui de style corinthien. Toutefois étant donné la taille assez imposante des chapiteaux, ainsi que celle des colonnes de ce monument, ses fondations devaient être massives, et pourtant elles n’ont laissé aucune trace. Sous l’abside de la basilique chrétienne, dans la partie orientale du téménos, des fondations ont été mises au jour, mais elles n’ont pas été clairement identifiées ; elles pourraient appartenir à la cella du temple dorique, ou peut-être à un autel construit devant ce dernier. En résumant, la reconstitution du complexe qui a été proposée est la suivante : un téménos dont les deux côtés longs de son périmètre, celui septentrional et méridional, sont occupés par deux portiques, tandis que le long des deux côtés courts, l’occidental et l’oriental, se trouvent respectivement un propylône et un temple. Cela reste toutefois assez imprécis et l’emplacement du temple n’est pas établi avec certitude. A. Wace demeure (à juste titre) prudent et constate que « many problems remain for solution in connection with the Ptolemaic Sanctuary, and these suggestions can be put forward tentatively »[51].

Lorsqu’il étudie cet ensemble de bâtiments D. Bailey reconnaît ces difficultés et il admet l’hypothèse que les éléments architecturaux évoqués n’appartiennent pas forcément à quatre édifices différents[52], il propose cependant une identification pour chacun de ces monuments. Il y aurait un temple d’Hadrien et un temple d’Antinoüs, un Sérapéum et un Neilaion. Grâce à l’inscription[53] du linteau du temple il a été proposé de reconnaître dans cette construction un Ptolémaion bâti sur le modèle de celui présent à Alexandrie[54]. En partant de cette hypothèse, D. Bailey suppose qu’à l’époque romaine l’édifice aurait été dédié à Hadrien. T. Skeat[55] cite deux cas où cet événement s’est produit : mais c’était à l’époque d’Auguste (27 av. J.-C.-14 apr. J.-C.), et les villes concernées étaient Memphis et Alexandrie. Ce genre de phénomène serait-il susceptible d’avoir intéressé aussi Hermopolis ? Même en acceptant cette théorie, quelles sont les éléments qui ont guidés les archéologues anglais à identifier les trois autres monuments ? L’origine de cette proposition est à rechercher une fois de plus dans le devis d’Appianos, le seul document qui mentionne, à Hermopolis, un temple de Sarapis à côté d’un temple dédié au dieu Nil[56]. En effet en reprenant la liste des bâtiments dans leur ordre de parution dans le papyrus, les trois édifices les plus proches de l’Hadrianeion sont bien ceux que nous venons d’évoquer. Le problème toutefois est que ce voisinage dans le texte ne se traduit pas forcement par une proximité spatiale, car dans cette partie du document aucune information topographique ne permet de situer les différentes constructions. Ces hypothèses donc sont sans doute séduisantes, mais encore une fois nous choisissons la voie de la prudence, surtout quand beaucoup de points restent encore à éclaircir.

Il est sans doute frustrant de ne pas parvenir à rétablir le paysage monumental d’un site dont les papyrus et les inscriptions nous ont livré autant de renseignements, mais il faut avouer nos limites et notre impossibilité à présenter une reconstitution des édifices publics du centre-ville romain. Si nous avons bien connaissance d’un certain nombre de monuments qui ont existé à Hermopolis, l’état du site trop bouleversé et une documentation lacunaire, difficile à interpréter et avare de renseignements d’ordre spatial ne permettent pas toutefois d’aller plus loin. La congruence pour l’identification nécessite en effet un bon état de conservation des témoignages et éventuellement des vestiges ; or, en ce qui concerne la ville d’Hermès, cette condition n’est pas respectée. Aussi, plutôt que de faire resurgir une ville sous un profil qui n’a sans doute jamais été le sien, vaudrait-il mieux se contenter de poser les problèmes liés à la topographie d’Hermopolis même si nous ne sommes pas en mesure de les résoudre. Cela au moins jusqu’au jour où il sera possible de proposer, au lieu de solutions plus ou moins plausibles, mais indémontrables, un résultat exact et vérifiable.


NOTES

[1] Pour une étude sur les épithètes de la ville, cf. N. Litinas « Hermou polis of the Thebais. Some Corrections and Notes Concerning its Name and Epithets », Archiv für Papyrusforschung und verwandte Gebiete 41 ( 1995), p. 66-84.

[2] C. Sicard, Œuvres III. Parallèle géographique de l’ancienne Égypte et de l’Égypte moderne, Bibliothèque d’Études 85 (1982), p. 19.

[3] N. L’Hôte, Lettres écrite d’Égypte en 1833 et 1839 (1840), p. 128-129.

[4] « die gewaltsam zerstörte Ruine einer Ruine », G. Roeder, Hermopolis 1929-1939 (1959), §30 a, p. 26.

[5] R. Bagnall, Egypt in Late Antiquity (1993), p. 45. Pour d’autres descriptions assez similaires, cf. N. Lewis, La mémoire des sables. La vie en Égypte sous la domination romaine (1988), p. 50-51 et R. Alston, The City in Roman and Byzantine Egypt (2002), p. 238-242.

[6] Pour un aperçu des découvertes papyrologiques et des différentes campagnes de fouilles menées sur le site cf. E. Bernand, Inscriptions grecques d’Hermoupolis Magna et de sa nécropole, Bibliothèque d’étude 123 (1999), p. 5-11. Pour les éditions des papyrus cités dans cet article nous renvoyons à J. F. Oates, R. S. Bagnall, S. J. Clackson et alii, Checklist of Editions of Greek, Latin, Demotic and Coptic Papyri, Ostraca and Tablets, 5ème édition, Bulletin of the American Society of Papyrologists. Supplements 9 (2001). On peut également consulter la version mise à jour par J. F. Oates, et J. D. Sosin sur le site internet : <http://scriptorium.lib.duke.edu/papyrus/texts/clist.html>.

[7] G. Méautis, Une métropole égyptienne sous l’Empire romain : Hermopolis-la-Grande (1918), p. 42.

[8] Ph. Bruneau, « L’autel de cornes à Délos », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 139e année, N. 1(1995). p. 323-324.

[9] Pour une liste des travaux concernant la topographie du site, cf. D. M. Bailey, Excavations at El-Ashmunein IV. Hermopolis Magna : Buildings of the Roman Period, British Museum Expeditions to Middle Egypt (1991), p. 57.

[10] E.-Fr. Jomard (éd.), Description de l’Égypte. Antiquités, planches, IV (1817), pl. 50.

[11] D. Kessler, Historische Topographie der Region zwischen Mallawi und Samalut, Beihefte zum Tübinger Atlas des vorderen Orients, Reihe B/30 (1981), p. 84.

[12] Cf. par exemple P. Flor. I 50, 97.

[13] Il s’agit du P. Vindobonensis Gr. 12565 verso, dont l’édition de référence est due à H. Schmit, « Die Bauurkunde in P. Vindob. Gr. 12565 im Lichte der Ergebnisse der deutschen Hermopolis-Expedition », dans O. Walter et L. Wenger (éds.), Papyri und Altertumswissenschaft. Vorträge des 3. Internationalen Papyrologentages in München vom 4. bis 7. September 1933, Münchner Beiträge zur Papyrusforschung und antiken Rechtgeschichte 19 (1934), p. 419-428 (= SB X 10299).

[14] Les documents conservés provenant des archives du conseil municipal d’Hermopolis datent en effet principalement de son règne.

[15] Pour le sens de ce mot cf. M. Drew-Bear, « Guerre civile et grands travaux à Hermoupolis Magna sous Gallien », dans B. Kramer (éd.), Akten des 21. Internationalen Papyrologenkongresses I (1997), p 238, n. 7.

[16] Cf. infra à la page suivante. Pour un problème méthodologique similaire nous pouvons citer, à titre d’exemple, les tentatives de reconstitution de la topographie d’Argos faites à partir du récit de Pausanias dans sa Description de la Grèce (II, 19,3 – 24,4). En effet, les renseignements d’ordre spatial que l’auteur grec nous offre concernant l’emplacement des édifices situés sur l’acropole d’Argos s’avèrent assez vagues. De plus, selon le choix que l’on opère dans la reconstitution du trajet emprunté par le Périègete, l’identification des monuments et a fortiori leur position sur le terrain peuvent changer radicalement. Si nous connaissons vraisemblablement le point de départ et celui d’arrivée, les détails de son parcours restent toutefois encore à établir. Cf. P. Aupert, « Pausanias et l’Asclépieion d’Argos », BCH 111 (1987), p. 511-517, plus particulièrement p. 513-514.

[17] L. Medini, « La topographie religieuse d’Hermopolis à l’époque gréco-romaine », Camenulae 7 (Juin 2011), consultable en ligne sur le site internet <http://www.paris-sorbonne.fr/la-recherche/les-unites-de-recherche/mondes-anciens-et-medievaux-ed1/rome-et-ses-renaissances-art-3625/revue-en-ligne-camenae/article/camenulae-no7-juin-2011>.

[18] L’écrivain grec Achille Tatius évoque ces deux monument dans Le roman de Leucippé et Clitophon (V, I) et le chroniqueur byzantin Jean Malalas relate dans le neuvième chapitre de ses Chronographia qu’elles ont été édifiées par Antonin le Pieux.

[19] Ph. Bruneau, « L’ « Arès Borghèse » et l’Arès d’Alcamène ou De l’opinion et du raisonnement », dans Rayonnement grec. Hommages à Charles Delvoye ( 1982), p. 183.

[20] D. M. Bailey, op. cit., chap. 1 et chap. 4.

[21] Ibid., p. 21.

[22] A. Łukaszewicz, Les édifices publics dans les villes de l’Egypte romaine (1986), p. 61-64.

[23] Pour ces attestations cf. Ibid.

[24] P. Mich. II 123 recto I a 19, c 4, d 12.

[25] P. Tebt. III/2 871, 3, 13, 20.

[26] SB VIII 9699, XVIII, 408.

[27] P. Ryl. II 68, 7-9.

[28] P. Brem. 23 II, 46-47.

[29] Pour cette région cf. A. Calderini, S. Daris, Dizionario dei nomi geografici e topografici dell’Egitto greco-romano II (1973), p. 154 s.v. Ἑπτακωμία (2).

[30] CPR VI 72, 12-13, 15-16.

[31] Pour ce village cf. M. Drew-Bear, Le nome hermopolite : toponymes et sites, American Studies in Papyrology 21(1979), p. 204-206.

[32] Cf. supra n. 27.

[33]. Cavillier, « Il “bastione” di Hermopolis Magna. Riflessioni su di un modo di architettura militare di età tolemaica e la sua importanza nella definizione di Phrourion », dans P. Mina (éd.) Faraoni come dei, Tolemei come faraoni. Atti del V Congresso Internazionale Italo-Egiziano (2003), p. 232-233 n. 28, 29.

[34] F. Leclere, Les villes de Basse Egypte au Ier millénaire av. J.-C. : analyse archéologique et historique de la topographie urbaine, Bibliothèque d’Etudes 144 (2008), vol. II, p. 636.

[35] G. Husson, « Komastèrion et quelques termes d’architecture religieuse du grec d’Egypte », dans A. Blanc et A. Christol (éds.), Langues en contact dans l’antiquité (1999), p. 125-129.

[36] Ibid., p. 128.

[37] P.Oxy. XVII 2138, 14-15.

[38] A.-J. Letronne, Recueil des inscriptions grecques et latines de l’Egypte, vol. I (1842), p. 437-444, n° XLVI.

[39] Ibid., p. 442.

[40] D. M. Bailey, op. cit., p. 31.

[41] M. Drew-Bear, « Compte rendu de Bayley D. M., Excavations at El-Ashmunein IV, Hermopolis Magna : Buildings of the Roman Period, Londres, 1991 », Chronique d’Egypte 69 (1994), p. 384-387.

[42] SPP V 95 et 96, republiés par M. Drew-Bear, « L’alimentation en eau d’Hermoupolis Magna », dans B. Menu, Les problèmes institutionnels de l’eau en Egypte ancienne et dans l’Antiquité méditerranéenne, Bibliothèque d’Etudes 110 (1994), p. 157-168.

[43] D. Bailey, op. cit., p. 58, pl. 107 c-d.

[44] Ibid., p. 58.

[45] E.-Fr. Jomard (éd.), Description de l’Egypte. Antiquités, planches, IV (1817), pl. 50 ; E. Breccia, « ΗΕΡΜΟΠΟΛΙΣ Η ΜΕΓΑΛΗ », Bulletin de la société archéologique d’Alexandrie 7 (1905), p. 29, fig. 5.

[46] P. Harrauer 36, 7-8.

[47] M. Kamal, « Excavations of the Antiquities Department (1942) in the so Called “Agora” of Hermopolis (Ashmunein) », Annales du Service des Antiquités de l’Egypte 46 (1947), p. 289-295.

[48] A. J. B. Wace, A. H. S. Megaw, T. C. Skeat, Hermopolis Magna, Ashmunein. The Ptolemaic Sanctuary and the Basilica, (1959).

[49] Ibid., p. 4-5.

[50] E. Bernand, op. cit., n.1 p. 16.

[51] A. J. B. Wace, A. H. S. Megaw, T. C. Skeat, op. cit., 1959, p. 8.

[52] D. M. Bailey, op. cit., p. 58.

[53] Cf. supra note 50.

[54] P. M. Fraser, Ptolemaic Alexandria (1972), I, p. 234.

[55] A. J. B. Wace, A. H. S. Megaw, T. C. Skeat, op. cit., p. 14-15.

[56] Ibid., p. 56, n. 58 cite un autre document qui mentionnerait ce Sérapéum près du Neilaion le P. Ryl. II 153, 6. Ce papyrus est en effet mentionné dans le dictionnaire des noms géographiques de A. Calderini ; toutefois, en vérifiant le texte on peut s’apercevoir que l’édifice cité dans le document n’est pas le temple de Serapis à côte du temple du dieu Nil, mais celui situé aux marges de la bordure désertique dit le Sérapéum « des sables ».

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