Septembre-Octobre 2013

Pierre-Jean Trombetta vient de mourir ce samedi 28 septembre.

Beaucoup d’entre vous sûrement se souviennent, dans les couloirs de l’institut d’art, de cette puissante silhouette sommée, comme un hermès des chemins, de cette belle tête olympienne, un peu faunesque, au regard pétillant.

Le peu que je l’ai connu me fera souvenir que ce grand fouilleur, qui eut la direction de ce formidable chantier de la cour Napoléon du Louvre, fut un des rares à avoir eu l’inquiétude théorique de l’archéologie, de ses raisonnements et de ses objectifs et à s’être intéressé très sérieusement à nos positions en connaissant bien ramage et Artistique et archéologie. Au point que, lors de ces grands jurys d’oral que tenaient les professeurs de la licence d’archéologie, les étudiants répondaient en nos termes aux questions qu’il posait, croyant qu’elles ne pouvaient venir que de nous !

Il fut un des premiers à être persuadé de notre archéologie moderne et contemporaine, d’autant plus aisément que sa fouille du Louvre en fut une des plus considérables manifestations fouilleuses en France.

Il avait eu l’envie de faire sa thèse avec Philippe Bruneau, sur la vision de l’archéologie dans la littérature. Dommage que ses engagements nombreux et sa vie bien remplie ne lui aient pas permis de traiter un tel sujet qui convenait tant à sa curiosité tout ouverte, à sa culture littéraire, théâtrale, cinématographique, musicale, dont témoignait déjà un recueil de citations extrêmement fourni et diversifié.

A ses obsèques, qui furent légères et sereines, même dans l’émotion, en découvrant sa vie dans les témoignages de ses proches, il semble bien se dessiner la cohérence du cercle d’une belle vie se refermant, accomplie.

Presque sans regret, comme peu peuvent s’en enorgueillir.

Qu’alors, dans cette plénitude, la terre lui soit légère…

Pierre-Yves BALUT